Where to? إﻟـﻰ أﻳـﻦ ؟
Liban automne 2020, étudiants et travailleurs issus de diverses classes sociales manifestent dans un même élan, face aux graves pénuries d’eau et d’électricité, ils demandent à la classe dirigeante le rétablissement de services publics de qualité, ainsi que la fin de la corruption. Ils souhaitent par-dessus tout sortir de la crise économique dans laquelle leur pays est enlisé. Un an plus tard, devant l’immobilisme des dirigeants, la colère s’est accrue. Mais le mouvement s’est essoufflé : il a fallu reprendre le travail pour assurer sa subsistance. Certains, qui en avaient les moyens, ont quitté le pays. D’autres veulent encore se battre. Beaucoup sont tiraillés.
« Where to ? » Vers où se diriger après tant de combats perdus ? Qu’entreprendre dorénavant ? Quel sens donner à cette lutte ? C’est la question que semble se poser cette jeune Libanaise au regard baissé, bras croisés devant un épais nuage de fumée. Les décors apocalyptiques photographiés ici, débris massifs de ferrailles et de bétons peuvent incarner l’impasse dans laquelle se trouve le pays. On entrevoit aussi la silhouette d’une ville qui tient bon. Ailleurs, du linge sèche au milieu des décombres. Est-il absurde d’espérer encore ?
Le désespoir, pourtant, a bien des raisons de tout emporter sur son passage. À l’image du souffle de l’explosion, le 4 août 2020, qui détruisit une bonne partie du port de Beyrouth et de ses quartiers limitrophes, on découvre ici les silos écrasants et éventrés. Une ineptie qui ne semble s’expliquer que par l’incompétence et la corruption qui gangrènent les services publics. Les ruines inertes causées par cette explosion semblent un contrepoint aux mouvements des manifestations.